Je reçois souvent des questions sur ces deux thèmes et on me demande comment Lili-Rose a t-elle abordé ces notions, quelles ont été nos ressources... Souvent, vous soulevez des freins, le perfectionnisme de l'enfant revient de façon récurrente.
J'imagine que baigner dans un environnement où les livres sont très présents, depuis le plus jeune âge de Lili-Rose a constitué un terreau essentiel. Son amour des livres et plus tard de la lecture ont surement motivé à l'écriture et à la maîtrise de l'orthographe.
Malgré cela, chez elle, l'écriture ce n'est pas arrivé "à l'âge classique", celui décrété par l'Education Nationale. La maîtrise de l'écriture a pris plus de temps que pour la moyenne des enfants scolarisés, notamment à cause de ce perfectionnisme dont elle faisait preuve. Elle a aussi été diagnostiqué dysgraphique.
D'abord, j'ai lâché prise sur les attendus normés. Lorsque Lili-Rose avait besoin que quelque chose soit écrit, c'est moi qui l'écrivait. Je ne la culpabilisais jamais sur ce sujet ou n'essayais jamais, de façon insidieuse et détournée, de la forcer à écrire.
De petites choses arrivaient de façon ponctuelles, parfois il se passait des mois sans un écrit, puis d'un seul coup, ça partait ! Parce qu'il y avait un projet personnel derrière ! Nous écrivions alors de concert.
Je pense que les nombreuses activités manuelles et le dessin qui ont jalonné son parcours ont aidé à muscler sa main, tout comme l'assouplir. Elle adorait et adore toujours dessiner, je la laissais donc utiliser ses atouts naturels et outils spontanés.
Les projets et idées qui germaient dans sa tête invitaient souvent à l'écrit. Là encore, je l'aidais en écrivant certaines parties fastidieuses, elle, en écrivait d'autres, plus courtes. Nous n'écrivions jamais bien longtemps, 5, 10 minutes, ça devait toujours rester un plaisir. A chaque fois, je lui faisais noter notre avancement. Même si ce n'était que petit à petit, son journal avançait ! Elle apprenait en même temps la persévérance.
"Le Journal de la Famille" et "The Dog Newspaper" car elle était passionnée d'animaux, particulièrement de chiens.
Pour pallier aux soucis de perfectionnisme, elle a écrit plusieurs années au porte-mine avec un embout gomme. C'était ainsi facile de rectifier le mot. Quand elle est passée au stylo, il y a peu, elle a encore pris un "effaçable", au cas où...
A cette époque, nous ne nous préoccupions par d'orthographe, il fallait prendre les choses dans l'ordre. Sans rien dire, je réécrivais le mot comme il fallait en mentionnant que ce n'était pas grave. En parallèle, je continuais à lui lire des livres et elle, commençait à lire des livres conséquents, Agatha Christie & compagnie... Quand elle me faisait remarquer ses soucis d'écriture, je lui faisais remarquer ses facilités de lecture et de dessins.
En parallèle, nous faisions des jeux comme des parties de Scrabble, des mots fléchés...
Au centre, le jeu "La course aux mots" censé favoriser l'orthographe mais qui n'a pas été révolutionnaire pour ses progrès... Nous n'y avons joué que 2,3 fois.
Lili-Rose appréciait beaucoup inviter ses amis à la maison pour jouer. Créer une invitation était l'occasion d'écrire. Je faisais le modèle sur un papier, notant ses propos, elle le recopiait ensuite sur des lignes que je traçais au crayon de bois pour que ce soit joli et bien droit. Nous les effacions ensuite. Idem pour les cartes postales en vacances.
Au fil du temps, je remarquais que Lili-Rose aimait beaucoup travailler dans une certaine ambiance, poétique, à l'ancienne ou bien baignée d'esthétisme et d'Art. Un matin, je lui proposais de recopier un poème à la plume et à l'encre à la lueur d'une bougie, le thème du poème accordé à la période. Depuis, ponctuellement, elle écrit avec cette plume, notamment à ses correspondantes.
Je lui trouvais aussi des carnets à remplir librement, avec ses dessins ou ses écrits, ils invitaient de façon ludique et avec esthétisme à l'expression.
Nous variions donc les moyens d'écriture: plume, porte-mine, feutres de différents calibres, dans le sable avec le doigts... Et bien sur à l'incontournable ordinateur. C'est comme ça qu'à 7 ans sont nées ses premières grandes histoires.
Vouloir narrer ses propres récits a été un élément déclencheur de son écriture, cela a été fulgurant vers l'âge de 9 ans. Souvent, ces écrits n'arrivaient pas jusqu'à la fin, je prenais toujours soin de ne jamais la culpabiliser et la rassurais, en tant qu'artiste créatrice, je savais que beaucoup de projets étaient avortés avant d'aboutir "au bon". Je lui expliquais donc tout ce processus.
Malgré les progrès, il nous tenait à cœur que Lili-Rose continue à utiliser les images et le dessin. Possédant une intelligence visuelle, il était important qu'elle conserve ce moyen d'expression. Aussi sur la photo ci-dessus, elle compose dans son "Grand Cahier" une "leçon visuelle" sur les personnages d'Agatha Christie.
Et quand Lili-Rose fut partie, elle fut partie ! Et de façon fulgurante ! A partir de 10 ans, elle remplit carnets en tous genres de ses écrits. Je lui achetais des formats variés, aux lignes différentes... pour qu'elle s'essaie à ce qui lui allait le mieux. Agenda, carnet de voyage... elle utilisait désormais avec plaisir tous ces supports pour écrire sur ses thèmes de prédilection.
Et donc l'orthographe dans tout ça ? Et bien nous n'en avons jamais réellement fait. La lecture ayant fait tout le boulot ! A 10 ans, elle remarquait un écart par rapport à ses amis, jugeant qu'elle avait plus de difficultés dans ce domaine qu'eux, mais à 12 ans, elle remarqua que la tendance s'était renversée ! Tout cela grâce à la lecture libre.
Voici ce qui n'a pas fonctionné pour nous, ce qui ne veut pas dire que ça ne fonctionnera pas pour vos enfants: les jeux ou livres pour apprendre l'orthographe de type "Mon orthographe illustré, "Un petit dessin vaut mieux qu'une grande leçon" malgré que Lili-Rose soit "visuelle"... ils étaient trop rébarbatifs et fastidieux; les dictées (sauf maintenant qu'elle maîtrise l'orthographe, c'est devenu un jeu pour elle car elle fait peu de fautes, mais ça n'a aucunement été une méthode d'apprentissage de l'orthographe... Il n'y a qu'en France que la dictée est utilisée comme telle...) et les jeux spécifiques orthographes type "la course aux mots", ils n'ont pas aidé Lili-Rose de façon évidente.
Elle n'a pas suivi de séance d'orthophonie malgré sa dysgraphie, ce qui ne veut pas dire que ça n'aurait pas été utile, simplement à l'époque, elle avait d'autres soucis plus prioritaires à régler (diagnostic TSA et trouble anxieux).
Enfin je dirais qu'exhorter ses émotions, particulièrement ses angoisses et son atypie ont beaucoup motivé Lili-Rose a se lancer dans l'écriture et la graphie. En se lançant dans le monde de la littérature comme auteure, avec ses livres "Asper-girl" qu'elle a écrit et illustré à 8 et 11 ans.
Un comble pour quelqu'un qui avait des difficulté et du "retard" dans le domaine.
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